Les bébés sont encore particulièrement vulnérables face à différentes maladies. En effet, même si à la naissance, un bébé possède plus de lymphocytes qu’un adulte, son système immunitaire est encore immature. Ses lymphocytes manquent encore d’entraînement, et il faut que le bébé soit confronté à plus de bactéries pour renforcer ses défenses immunitaires.
C’est ainsi qu’on entend souvent parler de maladies dites infantiles. Ce sont des maladies qui touchent particulièrement les bébés et les enfants. Même s’il est possible de les contracter à l’âge adulte, c’est principalement durant l’enfance qu’ils surviennent. Parmi les principales maladies infantiles, on peut citer la rougeole, les oreillons, la varicelle, la rubéole, la scarlatine, etc.
Dans cet article, nous allons nous concentrer essentiellement sur la rougeole en vous livrant tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie qui affecte particulièrement les enfants, et en détaillant ses différents symptômes, le diagnostic, les traitements, les bons gestes à adopter, etc.
Qu’est-ce que la rougeole ?
La rougeole est une maladie infectieuse très contagieuse, la plus contagieuse et la plus fréquente en pédiatrie. C’est ainsi qu’elle est également appelée « première maladie ».
Elle date des premières civilisations urbaines de Mésopotamie, c’est-à-dire 2500 ans avant J.C. C’est Henry Köplik qui décrit en premier le signe précoce caractéristique de la rougeole, le signe de Köplik, en 1896. C’est en 1963 que le premier vaccin vivant atténué contre la rougeole est homologué aux États-Unis. Et en 1974, la vaccination contre la rougeole est introduite dans son programme élargi de vaccination par l’OMS.
La rougeole se caractérise par une forte fièvre et une éruption cutanée. Elle est virale dont le virus responsable est issu de la famille des Paramyxoviridae, tout comme le virus responsable des oreillons. Il se transmet facilement et se répand rapidement à travers des gouttelettes émises par le nez et la bouche, en l’occurrence par la toux ou l’éternuement, voire par une simple poignée de main, ou encore à partir d’un mouchoir qui a été utilisé par une personne malade. Il s’agit d’une maladie immunisante, c’est-à-dire qu’une fois qu’on l’a eue, on est protégé pour le restant de notre vie.
La rougeole concerne généralement les bébés et les enfants en bas âges, en préscolaire, mais peut également toucher les enfants plus grands, les adolescents, voire les adultes. Les bébés en-dessous de 6 mois sont eux, protégés par les anticorps de leurs mères, si ces dernières ont déjà eu la rougeole ou ont été vaccinées.
Quelle est l’incidence des cas de rougeole ?
Dans le monde, la rougeole reste l’une des causes les plus importantes de décès du jeune enfant. En 2016, on estime à environ 89 780 le nombre de décès liés à la rougeole, dont une majorité d’enfants de moins de 5 ans. Cela, même si grâce à l’intensification des activités de vaccination, le nombre de décès a diminué de 84%. L’Afrique reste la région où l’incidence de la rougeole est la plus élevée au monde avec 47,5 cas pour cent mille habitants et par an, mais également avec la couverture vaccinale la plus faible.
En France, environ 24 500 cas de rougeole ont été déclarés sur une période de dix années, c’est-à-dire entre janvier 2008 et décembre 2017, dont 20 décès. 38 cas ont présenté une complication neurologique et plus de 1 500 cas une pneumopathie grave.
Une forte augmentation du nombre de cas de rougeole a été constatée en 2017, après avoir diminué de 2012 à 2016. Cela a été dû à l’existence de foyers épidémiologiques dans certaines régions, ainsi qu’à l’insuffisance de la couverture vaccinale chez les nourrissons. Ainsi, en juin 2017, 88% des cas de rougeole ont été relevés chez des personnes non ou mal vaccinées. L’incidence la plus élevée chez les moins d’un an a été de 27,2 cas pour cent mille habitants. En juillet 2018, l’incidence la plus élevée chez les enfants de moins d’un an a encore été dépassée avec 28 cas pour cent mille habitants dont 89% des cas étaient non ou mal vaccinés. 22% des cas ont été hospitalisés, et 3 décès par rougeole ont été enregistrés de janvier à juillet 2018.
Quels sont les principaux symptômes de la rougeole ?
Environ dix jours après la contagion, les premiers signes apparaissent :
- Une forte fièvre allant jusqu’à 40°C ;
- Un écoulement nasal (rhinite) ;
- Une conjonctivite ;
- Des paupières gonflées et des yeux larmoyants ;
- Une toux sèche ;
- Une grande fatigue (asthénie) ;
- Des petites taches blanches à l’intérieur des joues, qui ressemblent à des grains de sel, c’est ce qu’on appelle signe de Köplik ;
- Après trois ou quatre jours, les taches blanches disparaissent et commence alors l’éruption cutanée. Des petits boutons rouges apparaissent en formant des plaques. D’abord derrière les oreilles et sur le front, à la racine des cheveux. A partir du deuxième jour, ils gagnent le visage, le cou et le haut du thorax. Et ils atteignent progressivement le tronc, les membres supérieurs et finalement les membres inférieurs durant le troisième et le quatrième jour. Cette phase éruptive dure environ une semaine, toujours accompagnée des autres symptômes, notamment la fièvre, la toux, la rhinite, l’écoulement oculaire et la fatigue.
- Après la phase éruptive, on constate une fine desquamation qui dure quelques jours.
Combien de temps durent les périodes d’incubation et de contagion ?
L’incubation dure environ dix jours à partir du contact avec une personne malade. Pour ce qui est de la contagion, elle est également d’environ dix jours : cinq jours en moyenne avant le début de l’éruption cutanée et à peu près cinq jours après. Durant cette période, il faut éviter d’envoyer votre enfant à la crèche ou à l’école pour ne pas contaminer les autres enfants. Il ne faut pas oublier qu’une personne atteinte de rougeole peut en contaminer quinze à vingt autres. C’est aussi pour le protéger, puisque son système immunitaire étant affaibli par la maladie, il risque d’attraper plus facilement d’autres maladies.
La rougeole n’est pas la seule affection avec éruption cutanée qui pourrait toucher un enfant. Quelquefois, l’on a du mal à les distinguer les uns des autres, et pourtant les traitements ne sont pas forcément les mêmes.
Comme citée plus haut, la rougeole est caractérisée premièrement par une grosse fièvre, un nez qui coule, une gorge irritée et des yeux larmoyants. Cela est suivi par l’apparition de taches blanches à l’intérieur de la bouche, puis de boutons rouges de manière descendante, c’est-à-dire, partant de la tête jusqu’aux membres inférieurs.
Pour ce qui est de la varicelle, les premiers signes sont une fatigue persistante et le nez qui coule, avec quelquefois des maux de tête ou des maux de gorge, ainsi que des douleurs musculaires et articulaires. La fièvre n’est pas très élevée mais les boutons provoquent de très fortes démangeaisons. Ils commencent sur la poitrine, le ventre, le dos et le visage, puis c’est le tout le corps qui se couvre de boutons rouges prurigineux semblables à de petites cloques remplies d’un liquide transparent, on parle de vésicules, et qui vont sécher en à peu près 48 heures. La varicelle survient le plus souvent en hiver et au début du printemps.
Enfin, la rubéole, elle, se manifeste généralement par un petit rhume. Environ deux à trois semaines plus tard, d’autres symptômes apparaissent : une légère fièvre, des douleurs musculaires et articulaires, des ganglions enflés au niveau du cou, et des maux de tête. Ils sont suivis d’une éruption cutanée qui se caractérise par des taches roses apparaissant soudainement sur le visage puis couvrant tout le corps et qui disparaît au bout de trois jours.
Quelles sont les complications liées à la rougeole ?
Considérée à tort comme une maladie bénigne et sans risque, la rougeole peut entraîner de graves complications respiratoires, neurologiques, digestives ou oculaires. Ce sont justement les complications qui peuvent survenir, qui constituent le principal danger pour cette maladie. D’une manière générale, ces complications sont moins fréquentes dans les pays occidentaux, mais causent de nombreux décès dans les pays en voie de développement où la couverture de vaccination est assez faible. Elles concernent essentiellement les bébés de moins d’un an, qui ne sont pas encore vaccinés, les adolescents et les adultes, surtout les personnes qui présentent une faiblesse de leur système immunitaire pour cause de maladie, de malnutrition sévère, de traitement lourd, etc.
Les principales complications peuvent être regroupées en quatre ordres, à savoir : respiratoire, neurologique, digestif et oculaire. Ce sont notamment :
- Une diarrhée qui peut conduire à la déshydratation, elle représente environ 8% des cas ;
- Une otite moyenne aiguë, essentiellement chez le nourrisson, soit environ entre 7% et 9% des cas. Dans les situations les plus graves, elle peut engendrer la surdité ;
- Une laryngite ;
- Une bronchite ;
- Une kératoconjonctivite qui peut entraîner une perte de la vue. Elles sont assez fréquentes en cas de déficit en vitamine A, surtout dans les pays en voie de développement ;
- Différentes formes de pneumonie, qui représentent entre 1% et 6% des cas, et qui peuvent s’accompagner de difficultés respiratoires, pouvant aller jusqu’ à la détresse respiratoire et même la mort ;
- Une méningo-encéphalite : cette forme de complication est imprévisible et peut être assez brutale. Et pourtant, elle n’est aucunement fonction de la gravité de la rougeole. Elle peut survenir durant la phase éruptive et se caractérise par des troubles neurologiques accompagnés de fièvre. Elle peut engendrer des séquelles neuropsychiques sévères (paralysie, retard mental, troubles caractériels, etc.) Elle peut même mener jusqu’au décès du patient dans 10 à 15% des cas.
- Une encéphalite à inclusion qui peut survenir chez les patients immunodéprimés 2 à 6 mois après l’infection.
- Une panencéphalite sclérosante subaiguë de Van Bogaert (PESS) : c’est la forme de complication la plus grave et la plus redoutable, d’autant plus qu’elle ne survient que plusieurs années après la maladie, entre neuf mois et quinze ans, soit en moyenne huit ans. Elle est difficile à détecter et se caractérise par une atteinte irréversible des neurones cérébraux, engendrant une diminution des capacités motrices et de la coordination des mouvements, des convulsions, une démence. Elle est toujours mortelle.
Pour le cas particulier de la survenue de la rougeole pendant la grossesse, cela peut entraîner :
- Une naissance prématurée du bébé ;
- Une fausse couche ;
- Des anomalies fœtales ;
- Une pneumopathie grave chez la mère ;
- Une rougeole néonatale dans le cas où celle-ci survient en fin de grossesse ;
- Etc.
Comment diagnostiquer la rougeole ?
Du fait de sa contagiosité, la rougeole doit être diagnostiquée le plus tôt possible, c’est-à-dire, dès l’apparition des premiers symptômes. Pour la même raison, le médecin traitant doit la signaler aux autorités sanitaires afin de protéger l’entourage du malade, mais dans la pratique, certains médecins omettent de remplir et d’envoyer les formulaires pour ce faire.
Le diagnostic comprend un interrogatoire sur les antécédents médicaux de la personne malade et de ses vaccins, surtout pour le cas d’un bébé ou d’un enfant. Ensuite, le médecin traitant examine l’intérieur de la bouche pour constater les petites taches blanches (le signe de Köplik). Ceci, dans le cas où l’éruption cutanée n’est pas encore apparue. Dans le cas contraire, il n’y a plus de doute possible, le diagnostic est établi.
Comment prévenir la rougeole ?
Le meilleur moyen de protéger votre enfant de la rougeole reste encore la vaccination. Il s’agit du vaccin ROR contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, qui se fait par injection. Pour bébé, la première injection se fait à douze mois, et la seconde dose est administrée entre le seizième et le dix-huitième mois. En effet, l’efficacité du vaccin est réduite avant cet âge.
D’une manière générale, le ROR est bien toléré par les enfants, mais il est toujours possible qu’ils présentent une réaction clinique quelques jours l’injection, notamment de la fièvre et une éruption cutanée. Il peut également arriver que l’enfant développe la maladie après l’injection du vaccin, environ entre le cinquième et le quinzième jour, mais ce sera de manière atténuée et sans risque de complication.
Enfin, il ne faut pas oublier que la vaccination, non seulement protège votre enfant, mais également les personnes de son entourage, notamment les bébés en dessous de douze mois qui n’ont pas encore été vaccinés et certaines personnes vulnérables dont les défenses immunitaires ne sont pas assez fortes pour contrer différentes sortes de maladies. A noter que le ROR fait partie des 11 vaccins obligatoires pour tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018. Il est entièrement pris en charge par l’Assurance Maladie.
Quels sont les traitements disponibles ?
A dire vrai, il n’y a pas de traitement antiviral pour traiter la rougeole. Il s’agit plutôt de soulager les symptômes. Cela se fait essentiellement avec des antipyrétiques qui servent à faire baisser la fièvre, du sérum physiologique pour nettoyer les yeux et le nez, des médicaments contre la gêne respiratoire, la toux, les maux de gorge, etc.
En cas de risques de surinfections bactériennes, et seulement dans ce cas, particulièrement en cas de complications, le médecin traitant peut prescrire des antibiotiques.
L’hospitalisation n’est préconisée qu’en cas de complications graves comme la broncho-pneumonie majeure, l’insuffisance respiratoire, la méningo-encéphalite, la PESS, etc. ou pour le cas d’une personne à risque (système immunitaire déficient)
Quelles sont les précautions à prendre ?
Voici une liste non exhaustive de diverses mesures à prendre en cas de risque de contraction de la rougeole, ou au cas où l’un des enfants de la maison est déjà atteint par la maladie :
- Ne pas envoyer l’enfant malade à l’école pendant la durée de la période de contagion ;
- Laver régulièrement ses mains (lui apprendre à se laver les mains correctement) ;
- Couvrir sa bouche avec un mouchoir jetable quand il tousse ou qu’il éternue ;
- Le laisser bien se reposer en évitant les activités fatigantes, même s’il n’est pas nécessaire de toujours le garder le lit toute la journée ;
- Bien l’hydrater : lui faire boire de l’eau régulièrement ;
- L’habiller avec des vêtements en coton, surtout en ce qui concerne ceux qui sont en contact direct avec sa peau ;
- Bien aérer la maison ;
- Bien surveiller les signes de complication.
Pour la femme enceinte :
- Se faire préalablement vacciner si vous prévoyez de tomber enceinte, mais que vous n’êtes pas encore immunisée contre la rougeole. Dans ce cas, il faut prévoir soixante jours : la deuxième dose doit être administrée au moins trente jours avant le début de la grossesse, et la première dose également trente jours plus tôt.
- Si vous êtes déjà enceinte et que vous avez été en contact avec la rougeole en n’étant pas immunisée, il faut consulter, et c’est au médecin de juger s’il est nécessaire de prendre des mesures.