La recherche permanente de la perfection amène certaines personnes à adopter des comportements excessifs. Ajoutée à cela une image déformée de ce qu’est la perfection, basée essentiellement sur la beauté physique, imposée comme des standards de beauté par la société, beaucoup de personnes en viennent à tomber dans des conduites alimentaires dangereuses. La boulimie fait partie de ces troubles comportementaux. Nous allons la développer tout au long de cet article pour vous aider à comprendre les essentiels à savoir sur cette pathologie.
Boulimie : Qu’est-ce que c’est ?
La boulimie nerveuse ou mentale, « bulimia nervosa », est classée comme étant un trouble mental dans la DSM IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ou Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) Elle se caractérise par un rapport pathologique à la nourriture. Elle se manifeste de façon répétitive et durable par des crises de boulimie (« binge ») suivies de comportements compensatoires inappropriés pour éliminer les calories ingérées.
La boulimie est, avec l’anorexie (anorexia nervosa), les formes les plus sévères du trouble de comportement alimentaire (TCA) La crise de boulimie consiste en l’ingestion abusive d’aliments pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers de calories en une seule crise. Les comportements compensatoires peuvent être de plusieurs sortes : vomissement provoqué, utilisation abusive de médicaments (laxatifs, diurétiques, lavements, etc.), recours au jeûne, pratique excessive d’activités physiques.
Elle touche plus les femmes que les hommes, notamment les adolescentes et les jeunes adultes. Elle est généralement difficile à repérer, étant donné que 70% des boulimiques ont un poids normal. Toutefois, le taux de guérison atteint les 70% avec une bonne prise en charge.
On parle de boulimie nocturne ou hyperphagie nocturne quand la personne est atteinte d’une envie compulsive qui la pousse à se lever pour manger la nuit, dans un état somnambulique ou de manière bien éveillée.
Quelles sont les différents types de boulimie ?
Il y a deux principaux types de boulimie :
- Boulimie avec vomissements ou prise de purgatifs (« purging type ») : c’est quand la personne malade a régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’usage abusif de laxatifs, diurétiques ou lavements.
- Boulimie sans vomissements ni prise de purgatifs (« nonpuging type ») : la personne concernée n’a pas régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’usage excessif de purgatifs, mais utilise d’autres formes de stratégies d’élimination comme le jeûne ou l’exercice physique à outrance.
Il existe d’autres formes de TCA qui, à proprement parler ne sont pas de la boulimie, mais qui présentent certaines caractéristiques similaires :
- L’hyperphagie boulimique qui se caractérise par une suralimentation incontrôlée, mais sans recours à des stratégies d’élimination.
- L’anorexie avec crises de boulimie : c’est quand la personne présente à la fois les symptômes de l’anorexie mentale et de la boulimie.
Quelles sont les principales causes de la boulimie ?
Les TCA sont tous l’expression d’un mal être. Leurs causes sont multiples et complexes. Plusieurs facteurs y sont associés, dont : psychologiques, sociaux, familiaux, génétiques, neuroendocriniens.
- Facteurs psychologiques : la boulimie est généralement associée au stress, à l’anxiété, à la dépression, aux pensées négatives, mais aussi au perfectionnisme, au besoin de contrôle, au manque d’estime de soi et de confiance en soi, etc. D’autre part, la boulimie, qu’elle soit vomitive ou non vomitive, peut constituer une forme de réaction à un traumatisme psychologique ou physique : violence sexuelle, abandon, perte, menace, etc. mais également une forme de compensation à un manque, une frustration, etc.
- Facteurs sociaux : ces facteurs psychologiques sont souvent accentués par des facteurs sociaux en imposant des stéréotypes et autres standards de beauté, mode, des conditionnements psychologiques divers.
- Facteurs familiaux et génétiques : si un membre d’une famille est touché par la boulimie, les autres membres ont plus de chance d’être atteints également. Ainsi, les TCA ont un caractère héréditaire.
- Facteurs endocriniens : l’adolescence et la puberté constituent une période charnière caractérisée par des fluctuations hormonales avec une modification du corps passant de l’enfant à l’adulte, et engendrant une perte de repères, tant sur le plan physique, physiologique que psychologique.
- Facteurs neurologiques : Certaines études mettent en évidence l’existence d’un trouble de la sensation de satiété chez les personnes boulimiques, résultant d’une diminution du niveau de sérotonine. Il s’agit d’un liquide neurotransmetteur assurant la jonction et le passage du message nerveux entre les neurones. Elle est notamment impliquée dans la régulation de l’humeur et de l’appétit.
Quels sont les symptômes et les troubles associés à la boulimie ?
Toutes les formes de TCA dont la boulimie ont en commun l’obsession alimentaire, les angoisses, la dépression, la culpabilité, les phobies, etc.
Pour le cas de la boulimie, les signes sont entre autres :
- Une suralimentation et un comportement compulsif alimentaire accompagnés ou non de stratégies d’élimination (vomissements, purgatifs, jeûne, hyperactivité)
- Des fluctuations de poids paradoxales par rapport à l’alimentation pouvant aller jusqu’à 2 à 5 kilogrammes par semaine ;
- Une dysménorrhée, voire une aménorrhée (arrêt des menstruations) ;
- Des reflux gastro-œsophagiens ;
- Des lésions dentaires ;
- Des malaises ;
- Des sautes d’humeur, irritabilité, mélancolie, culpabilité, honte ;
- Des syndromes dépressifs ;
- Des conduites addictives (alcool, tabac, drogue, internet, sexe, etc.)
- Un isolement ;
- Un trouble de la personnalité de type borderline (TPB)
- Des tentatives de suicide ;
- Etc.
Quels sont les facteurs de risques ?
Voici quelques facteurs de risques liés à la boulimie :
- La puberté : du fait des changements physiques et psychologiques qui interviennent durant cette période, les adolescents sont plus susceptibles d’être touchés ;
- D’une manière générale, la gent féminine est dix fois plus concernée que les hommes ;
- Les régimes alimentaires restrictifs qui entraînent souvent des troubles hormonaux, notamment chez la femme ;
- Les populations des pays industrialisés du fait de leurs modes de vie et de leurs comportements alimentaires, de la forte exposition aux stéréotypes de mode et à la surconsommation grâce aux médias et réseaux sociaux, etc.
- Certaines professions associées à l’aspect et la performance physiques : sportifs, danseurs, mannequins, acteurs, etc.
Quelles sont les conséquences et les complications occasionnées par la boulimie ?
Si la maladie n’est pas prise en charge, elle peut entraîner l’apparition de troubles physiologiques et psychologiques plus graves :
- Les régimes alimentaires restrictifs peuvent provoquer une dénutrition, une anémie, une hypotension, un ralentissement cardiaque, une aménorrhée et une baisse du taux de calcium pouvant provoquer de l’ostéoporose.
- Les vomissements à répétition peuvent entraîner l’érosion de l’émail dentaire, des œsophagites peptiques, une hypertrophie des glandes salivaires, des troubles hydroélectrolytiques (hyponatrémie, hypokaliémie, hypocalcémie) pouvant engendrer des troubles du rythme cardiaque voire une insuffisance cardiaque ainsi qu’une insuffisance rénale fonctionnelle et des œdèmes, le syndrome de Mallory-Weiss (lacérations longitudinales de la muqueuse sur les parois de l’œsophage et la jonction avec l’estomac)
- La prise excessive de laxatifs, quant à elle, peut entraîner une pseudo-obstruction intestinale chronique (POIC) et un manque de tonicité du tube digestif pouvant provoquer une déshydratation, une constipation, des œdèmes et une baisse du taux de sodium (hyponatrémie) pouvant conduire à une insuffisance rénale.
- L’addiction à l’alcool et aux drogues peut également engendrer divers troubles somatiques : overdose, troubles hormonaux, troubles de la thermorégulation, atteintes hépatiques, atteintes neurologiques, défaillance cardio-vasculaire, etc.
Comment prévenir la boulimie ?
Le meilleur moyen est de détecter au plus tôt les signes et autres comportements à risques et ainsi faire part de vos inquiétudes au médecin en ce qui concerne votre enfant. Il convient également d’éviter le stress et les pressions socioculturelles pour tout ce qui tourne autour de l’alimentation et l’image de soi. Il incombe ainsi aux parents d’inculquer aux enfants dès leurs jeunes âges un rapport sain aux aliments et à l’apparence physique et de cultiver une bonne estime de soi.
Comment diagnostiquer la boulimie ?
En général, les personnes atteintes de boulimie cachent leurs comportements par culpabilité et par honte, ce qui fait que la maladie est souvent détectée de manière tardive. Pour établir un diagnostic de boulimie :
- Le médecin relève la présence de crises de boulimie et de comportements compensatoires, environ deux fois par semaine pendant trois mois consécutifs.
- Il évalue en même temps le niveau d’estime de soi du patient pour voir s’il n’est pas influencé par des facteurs de risques de boulimie.
- Il y a également le test de dépistage EAT-26 (Eating Attitudes Test-26), un questionnaire à 26 questions qui permet d’évaluer le risque de développer un trouble de l’alimentation.
- Pour ce qui est des examens physiques, ils consistent à déceler des troubles du rythme cardiaque, une diminution de la densité osseuse, une érosion de l’émail dentaire, une atonie intestinale, un dysfonctionnement au niveau des reins, etc.
Quels sont les traitements et les prises en charge des personnes atteintes de boulimie ?
Pour ce qui est des traitements médicamenteux, ils consistent surtout à combler les carences et traiter les troubles et complications engendrés par la boulimie.
Des séances de psychothérapies sont préconisées. Les plus efficaces à ce jour, avec des résultats de l’ordre de 70% à 80% de réduction des crises et des comportements de purge et 40% à 50% de guérison, ce sont les thérapies comportementales, cognitives et émotionnelle (TCC) Elles visent essentiellement à réapprendre au patient à s’alimenter et à adopter de nouvelles habitudes de vie, ainsi qu’à développer l’estime de soi.
D’autres types de thérapies sont également indiqués pour accompagner le patient et les membres de sa famille dans le processus de guérison, qui se fait sur le long terme.
Pour des cas très sévères, l’hospitalisation est recommandée.